samedi 31 janvier 2009

La Russie et Cuba concluent un "partenariat stratégique"

MOSCOU (AFP) — La Russie et Cuba ont affirmé avoir donné un nouveau départ à leurs relations qui s'étaient distendues après la chute de l'URSS, en concluant au Kremlin un "partenariat stratégique", vendredi, au troisième jour de la visite du numéro un cubain Raul Castro. "Je pense que votre visite ouvrira une nouvelle page dans l'histoire des relations d'amitié russo-cubaines", qui vont évoluer à "un niveau stratégique", a déclaré le président russe Dmitri Medvedev, au début des entretiens avec son homologue cubain.

"Nous, amis de longue date, sommes à un moment historique, une étape très importante dans les relations entre la Russie et Cuba", a renchéri Raul Castro, qui a lui aussi parlé d'un partenariat "stratégique". "Nous avons connu à la fois de bons et de mauvais moments", a-t-il souligné. "Côté cubain, nous avons fait un grand pas pour renforcer nos relations" avec Moscou, a ajouté M. Castro. "Nous avons fait ce pas très calmement, mais de manière très efficace, dans toutes les directions", a-t-il encore dit.

Les chefs d'Etat ont à l'issue de leurs discussions signé "un protocole d'accord sur une coopération stratégique" bilatérale. Toute une série d'autres accords, notamment un sur l'octroi par Moscou à La Havane d'un crédit dont le montant n'a pas été précisé, ont été paraphés à l'occasion de la visite de M. Castro, premier déplacement d'un numéro un cubain en Russie depuis plus de vingt ans. En 2006, la Russie avait décidé de geler l'épineuse question de la dette cubaine contractée du temps de l'URSS, soit plus de 20 milliards de dollars selon les Russes.

D'autres accords concernant l'industrie agroalimentaire, la pêche, la coopération en matière d'éducation et scientifique, le sport et le tourisme, ont également été conclus par des ministres des deux pays. La cérémonie de signature de ces documents, sur lesquels peu de détails ont filtré, n'a finalement pas été suivie d'une conférence de presse pourtant à l'origine annoncée.

"Je pense que les échanges commerciaux aujourd'hui sont modestes", a toutefois déploré M. Medvedev au début de la rencontre avec son homologue cubain dans le "salon vert" du Kremlin. Ces échanges ont atteint pour les 11 premiers mois de l'année 239 millions de dollars, "un niveau insatisfaisant", a observé M. Medvedev. Le président russe a par ailleurs tenu à saluer le frère malade du président cubain, Fidel. "Je vous félicite encore une fois pour le 50e anniversaire de la révolution (cubaine) et vous transmets les meilleurs voeux pour le commandant Fidel Castro", a déclaré M. Medvedev.

Agé de 82 ans et malade, le père de la Révolution cubaine est réapparu il y a une semaine sur des photos rendues publiques, mais reste influent malgré sa retraite pour raisons médicales. Depuis que Raul a remplacé Fidel, qui s'était de son côté rendu en 1987 en URSS pour le 70e anniversaire de la Révolution d'Octobre, les relations se sont réchauffées avec la Russie. Jeudi, Dmitri Medvedev, qui s'était lui-même rendu à la fin de l'année dernière à Cuba, et Raul Castro s'étaient vus à Zavidovo, non loin de Moscou, pour des entretiens informels à l'occasion d'une partie de chasse. La visite en Russie du dirigeant cubain, entamée mercredi, s'achèvera le 4 février. Mardi, il rencontrera Kirill, le nouveau chef de l'Eglise orthodoxe russe

mardi 20 janvier 2009

Le problème n’est pas à Moscou mais à Kiev!
RFI par Marina Mielczarek

En Europe, de plus en plus de pays sont touchés par l’arrêt des fournitures de gaz à l’Ukraine par la Russie. Qu’ils soient croate, serbe, slovaque, bulgare, grec, macédonien ou turc, les gouvernements s'inquiètent de ces coupures d’énergie. Mardi, la présidence tchèque de l’Union européenne a rencontré à Berlin les dirigeants de Gazprom. Comme l'Europe dépend à 80% du transit ukrainien pour ses importations de gaz russe, les 27 demandent que Kiev et Moscou mettent très vite fin à leur conflit. Les Européens ont-ils une alternative ? Décryptage avec l’expert Gilles Rémy, conseiller au commerce extérieur à Paris et PDG de CIFAL (Entreprise spécialisée dans le conseil sur les questions énergétiques en Russie et dans le Caucase).

RFI : Depuis le début de la crise en décembre, les Européens ont été plutôt réticents à intervenir entre Kiev et Moscou, pourquoi ?

Gilles Rémy, Conseiller au commerce extérieur à Paris : Il y a deux solutions, soit ces coupures de gaz sont dues à une initiative ukrainienne, soit elles proviennent d’une baisse de volume de gaz fourni par Gazprom. Au jour d’aujourd’hui, personne n’en sait rien ! Et pour cause, les compteurs sont à Moscou. L’Union Européenne ignore combien de quantité de gaz sort de Russie. Et contrairement à ce qu’on lit beaucoup dans les journaux, cette crise est économique avant d’être politique, même si les deux domaines sont évidemment liés.

Le cœur du contentieux c’est de savoir le prix qu’est prête à payer l’Ukraine pour le m3 de gaz durant l’année 2009. Or, je vous le signale, Kiev n’a toujours pas payé sa facture de 2008 ! L’Ukraine est un pays en quasi faillite. Faillite économique et politique, car les dirigeants se déchirent et je crains que le pouvoir ne profite de ces déséquilibres intérieurs pour ne pas payer ses dettes. A 250 dollars le mètre cube contre près de 450 $ pour les autres européens, Kiev serait encore largement en dessous du prix mondial en 2009. Et je regrette la crise actuelle car en novembre dernier, nous étions très proches d’un accord entre Kiev et Moscou. Mais en raison des mésententes au sein du gouvernement, le prix du gaz a été prix en otage, il a servi de bouc émissaire en quelque sorte entre le président et son Premier ministre, incapable de s’entendre sur leurs relations avec la Russie.

RFI : L’Ukraine, comme la plupart des pays voisins de la Russie, paie son gaz à un prix réduit, en tout cas bien inférieur à celui du marché international.

G.R. Les Russes n’ont simplement pas le choix ! Ils ont besoin de tous leurs clients car Gazprom est une entreprise aujourd’hui très endettée.

Il s’est passé bien des choses en 2008 ! Il ne faut pas oublier que la marge diminue. Pour assurer ses contrats à long terme, Moscou achète du gaz, au prix du marché international, à l’Asie centrale (Ouzbékistan, Turkménistan, Azerbaïdjan). La vraie raison pour laquelle Moscou fait un prix d’amis à ses voisins est à chercher dans leurs relations passées. Tous ces pays sont d’anciens membres du bloc soviétique ou ont toujours été liés à la Russie, la plupart étant d’anciens membres du COMECOM (Conseil d’aide économique mutuelle pour les pays de l’Est) ils payaient encore un prix aligné sur le prix intérieur russe. Maintenant que la donne politique a changé, il y a un processus de rattrapage qui s’effectue et ces pays doivent petit à petit s’aligner sur les prix européens, donc beaucoup plus élevés.

RFI : Ces coupures vont-elles toucher tous les pays d’Europe dans les jours prochains ? Cela fait des années qu’on parle du projet Nabucco, le gazoduc qui acheminerait le gaz de la région Caspienne vers la France, l’Italie, toute l’Europe occidentale, mais aussi d’autres tuyaux énergétiques qui contourneraient la Russie, pourquoi ces différents transits n’arrivent-ils pas à aboutir ?

G.R. Que les Français se rassurent, pas d’inquiétude pour les Européens ! Leur approvisionnement va être de plus en plus diversifié. Chaque pays, y compris l’Ukraine d’ailleurs, bénéficie de ses propres réserves. En gros, elles permettent un an de survie énergétique ! En ce qui concerne les alternatives, tous les chemins, tous les projets sont bien distincts. Il y a trois projets en cours : South Stream, North Stream et Nabucco. Le projet le plus abouti est le North Stream, il enverra le gaz des pays nordiques vers l’Europe occidentale notamment l’Allemagne, en passant sous la mer baltique. Nous sommes très proches de la mise en fonction. Les équipementiers sont prêts, les industries investissent et passent concrètement des contrats. Les retards sont dus à des confrontations diplomatiques entre les pays.

Pour le South Stream, la situation est différente. South Stream est un concurrent direct de Nabucco (dont les tuyaux passeraient par les mêmes routes via la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie pour aboutir en Autriche et en Allemagne). Plusieurs pays sont engagés dans ce projet dans lequel Gazprom, donc le Kremlin, est très impliqué : l’Allemagne avec son entreprise Edison bien-sûr, mais aussi la Grèce et surtout l’Italie, qui ont également beaucoup investi dans South Stream.

Le troisième projet donc c’est Nabucco. En fait le plus compliqué des trois car il résulte d’une multitude de pays partenaires. Nabucco, à la différence de South Stream et de North Stream n’est pas tiré par les industries mais par les gouvernements : européens et américain. Or, en raison de certaines critiques de l’UE ou des Américains envers la Russie, les Etats-Unis et les 27 sont extrêmement affaiblis en Asie centrale. Les pays du Caucase se méfient des puissances occidentales, en tout cas ils ont du mal à savoir ce que l’Europe veut dire, une sorte de « ventre mou », ils hésitent à s’engager. De l’autre côté, il n’y a pas une multitude de possibilités, pour faire fonctionner Nabucco, il faut trouver du gaz et l’une des solutions serait par exemple de compter sur l’Iran, mais n’y comptons pas en raison des tensions diplomatiques entre Téhéran et Washington.

RFI : Le pôle asiatique est en pleine émergence, l’Inde, la Chine, et le Japon demandent des quantités énormes d’énergie, l’Europe va-t-elle entrer en concurrence directe avec l’Asie ?

G.R. Oui, effectivement c’est la course entre les deux pôles ! Autant les Européens sont empêtrés dans des relations diplomatiques qui ralentissent les choses, autant la Chine a vite réglé son problème de gaz. Deux ans de négociations et tout était bouclé ! En 2008, la construction du gazoduc reliant l’Asie centrale à la Chine est pratiquement achevée. Dans deux ans, les tuyaux achemineront 40 milliards de m3 du Turkménistan à Pékin, soit deux fois la consommation de la France !

Vous imaginez quelle manne pour les pays d’Asie Centrale qui, maintenant, sont en position de force. Ils peuvent négocier, faire monter les enchères, ils ont tout leur temps…

RFI : Un mot pour conclure ?
En fait l’époque a radicalement changé ! Finies les années 1990 où tous les pays du monde devaient s’entendre et négocier avec Gazprom. Aujourd’hui, les pays du Caucase, l’Asie centrale sont courtisés. Le temps d’une seule et unique voie d’évacuation est bel et bien terminé.
Le Russionnaire
Voici un ouvrage de référence qui peut être très intéressant pour ceux qui font des recherches plus poussées sur la Fédération de Russie. Le livre est, comme le nom dit, fait comme un dictionnaire qui offre les définitions de plus de 3500 termes, noms propres, abréviations ou mots plus communs qui font partie de l'histoire de la Russie. Ce livre trouvera surement sa place dans votre bibliothèque russe. Cependant, je ne crois pas que vous trouverez un grand plaisir a feuilleter ce livre, il ne s'agit pas de ce genre de manuscrit qui est plaisant à sauter d'un bout à l'autre à votre guise. Vous le sortirez surement, comme un dictionnaire, quand votre dictionnaire français/russe ne fera pas le travail. De ce côté le Russionnaire a vraiment fait un splendide travail de recherche, certains termes ne sont même plus connus par la moyenne des Russes.
Un accord en suspens entre Kiev et Moscou
Le gaz russe de nouveau dans les tuyaux pour approvisionner l'Europe, cela pourrait être pour bientôt. Après des négociations qui ont duré une partie de la nuit, le Premier ministre Vladimir Poutine s'est en effet entendu avec son homologue ukrainienne mais reste à savoir si le président ukrainien acceptera l'accord. Cela fait maintenant dix jours que les pays d'Europe ne reçoivent plus de gaz russe via l'Ukraine. Cela concerne un quart du gaz consommé dans l'UE.

Une annonce encourageante, mais rien n'est encore signé. Les documents sont en préparation pour finalisation dans les 24 heures et on sait que cette étape peut poser problème. Sur le fond, la Russie était très en colère. Elle accusait sa voisine de voler le gaz destiné à l'Europe, d'où cette coupure du 7 janvier et la demande de s'en tenir désormais au prix du marché européen.

Dans ce contexte, on peut dire que l'Ukraine s'en sort au mieux. D'après ce qu'a annoncé Vladimir Poutine, Kiev obtiendrait un rabais de 20% sur le prix du marché pour 2009, à condition de ne pas augmenter la facture pour le transit du gaz russe sur son territoire. Aucune autre information n'a été transmise sur les tarifs exacts, ni sur le moment de la reprise des livraisons. Gazprom n'a fait aucun commentaire. Les prochaines heures vont donc être cruciales. Le Premier ministre ukrainien, Ioulia Timochenko, va maintenant faire son compte-rendu au président Viktor Iouchtchenko. Ils se détestent et il a déjà à plusieurs reprises rejeté les négociations qu'elle avait conduites.

jeudi 8 janvier 2009

Le FPEG, nouvelle arme de Moscou?
Le FPEG, Forum des pays exportateurs de gaz est une organisation que nous ne sommes pas près d’oublier. Créé le 23 décembre dernier, elle s’apparente à une OPEP gazière. D’ailleurs, plusieurs pays sont maintenant membres des deux organisations. Bien que le siège social du FPEG est à Doha, la Russie, premier exportateur mondial de gaz naturel, pèsera très lourd dans la balance. Même si la chute vertigineuse des prix de l’énergie qui a eu lieu ces derniers mois a sûrement accéléré le processus, le projet était dans les cartons du Kremlin depuis 2001. (1)

Cette dernière sortie diplomatique montre encore une fois une recrudescence de l’influence russe sur la scène internationale ces derniers mois. Que ce soit avec la guerre en Géorgie, une nouvelle amitié avec le bouillant Hugo Chavez qui se transforma en manœuvres navales communes dans les Caraïbes(2), un accueil plutôt froid envers le président élu Barack Obama ou le drapeau russe au fond de l’océan du Pôle Nord, Moscou multiplie ses sorties. Quoi qu’on en dise ou qu’on en pense, la Russie a décidé de redevenir une puissance majeure sur l’échiquier mondial, du moins dans son coin du globe et elle se donne les moyens de ses ambitions.

Attardons nous maintenant plus longuement sur le FPEG nouvellement formé. Pourrait-il servir de moyen de pression afin de faire respecter la volonté de Moscou? Cela ne serait pas la première fois que la Russie joue la carte gazière pour remettre au pas des pays rebelles dans sa zone d’influence historique. En effet, Moscou n’hésite plus depuis longtemps à baisser le prix pour d’anciennes républiques soviétiques qui n’ont jamais tourné le dos à leur mère patrie et à faire le contraire pour les autres.

L’exemple le plus flagrant est le cas de la Biélorussie. Le soutien de cette dernière envers Moscou n’est plus a démontrer. Le président Alexandre Loukachenko qui est au pouvoir depuis 1994 est tombé dans les bonnes grâces des dirigeants russes en affichant une certaine nostalgie soviétique. Et cela lui a été des plus bénéfiques! La Biélorussie paye son gaz russe à un prix largement en dessous des marchés, soit environ 128 dollars le 1000m3. Encore mieux, selon les paroles du président biélorusse , la Russie s’apprêterait à réduire de 2,5 à 3 fois le prix du gaz expédié en Biélorussie au cours de l’année 2009.(3) Peut-être une tentative affichée d’inciter les anciennes républiques soviétiques à marcher dans le droit chemin? Pendant ce temps, l’Ukraine a vécu un temps des Fêtes à l’ombre de la crainte de coupures de gaz pour faute de paiement. Ce qui arriva le premier janvier dernier car la dette de 2,1 milliards de dollars réclamée par Gazprom n’a toujours pas été honorée par Kiev.(4) Une situation presque rendue chronique dans ce pays depuis la révolution orange de Viktor Iouchtchenko en novembre 2004. Surtout que Gazprom réclamera dorénavant 418$ le mille mètres cubes de gaz. (5) À cause de ce conflit énergétique, presque toute l’Europe a vu ses livraisons sensiblement baisser. La nervosité est à la hausse en prévision des prochaines froides journées d’hiver.

Et la Russie peut avoir le bras long! Pour se rapprocher de chez nous, le projet de port méthanier de Rabaska sera approvisionné principalement par Gazprom; la société gazière et pétrolière russe. (6) Bien que les besoins en gaz du Québec et de l’Amérique du Nord n’ont rien a voir avec ceux des européens, nous faisons tout pour les augmenter. Il sera intéressant de voir évoluer la situation dans les mois à venir. Peut-être bien que les récentes pénuries de gaz en Europe (7) influenceront le choix de ce fournisseur d’énergie fossile. Une histoire à suivre.


(1) RIA Nosvosti. « Une charte du Forum des pays exportateurs adoptée à Moscou » [En ligne], le 23 décembre 2008 http://fr.rian.ru/world/20081223/119141513.html , page consultée le 7 janvier 2009

(2) France24. « Des manœuvres navales russo- vénézuéliennes en novembre » [En ligne], le 7 septembre 2008 http://www.france24.com/fr/20080907-oppostition-russie-etats-unis-venezuela-manoeuvre-militaire-flotte-navire-guerre , page consultée le 6 janvier 2009

(3) RIA Novosti. « Gaz-Biélorussie forte réduction du prix en 2009 » [En ligne], le 24 décembre 2008 http://fr.rian.ru/business/20081224/119147281.html , page consultée le 7 janvier 2009

(4) Argent. « Pénuries en Europe d'ici 10 à 15 jours, avertit l'Ukraine » [En ligne], le 3 janvier 2009 http://argent.canoe.com/lca/infos/europe/archives/2009/01/20090103-131652.html , page consultée le 7 janvier 2009.

(5) RFI. « Gazprom veut que Kiev paye le gaz au prix fort en 2009 » [En ligne], le 2 janvier 2009 http://www.rfi.fr/actufr/articles/109/article_76805.asp , page consultée le 6 janvier 2009.

(6) Radio-Canada. « L’approvisionnement réglé » [En ligne], le 15 mai 2008 http://www.radio-canada.ca/regions/Quebec/2008/05/15/004-gazprom_rabaska.shtml , page consultée le 7 janvier 2009

(7) Le Monde. « La pénurie de gaz, pays par pays » [En ligne], le 6 janvier 2009 http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/01/06/la-penurie-de-gaz-pays-par-pays_1138571_3234.html , page consultée le 7 janvier 2009.

lundi 5 janvier 2009

Transit de gaz russe vers l'UE menacé - Gazprom va déposer plaine
Kiev - L'Ukraine a averti que le conflit du gaz qui l'oppose à la Russie menaçait le transit du gaz russe vers l'Europe. Le géant gazier russe Gazprom a de son côté annoncé qu'il allait déposer plainte pour forcer la compagnie ukrainienne Naftogaz à assurer ce transit.

"Si le gazoduc ukrainien ne reçoit pas les volumes de gaz (...) la pression dans les tuyaux va baisser. Par conséquent, automatiquement, indépendamment du personnel, il y aura des interruptions. Le système sera obligé de s'arrêter pour faire revenir la pression", a expliqué le représentant de la présidence ukrainienne pour la sécurité énergétique, Bogdan Sokolovski.

Selon Kiev, la coupure du gaz destiné à la consommation ukrainienne est à l'origine de cette baisse de pression. "Si la partie russe ne livre pas plus de gaz qu'actuellement, dans environ dix jours il peut y avoir des problèmes technologiques très graves" concernant le transit du gaz russe vers l'Europe, a-t-il ajouté.

Le vice-président du géant gazier russe Gazprom Alexandre Medvedev a accusé à Prague l'Ukraine de voler plus de 35 millions de mètres cube de gaz par jour en lui demandant de les payer, en plus de ses actuels arriérés.

Les tournées russe et ukrainienne interviennent alors que Varsovie, Bucarest et Sofia ont signalé des baisses des livraisons de gaz russe.

La Pologne a constaté vendredi une baisse de 11% des livraisons par rapport aux volumes contractuels, un recul toutefois compensé par des livraisons via le Bélarus, selon l'opérateur des gazoducs polonais Gaz-Systema. La Roumanie a vu ses livraisons baisser de 30% dès vendredi soir et la Bulgarie de 10 à 15%.

La Russie a coupé jeudi l'approvisionnement en gaz de l'Ukraine faute d'un accord sur le prix des livraisons pour 2009 et sur des arriérés de paiement, faisant craindre une répétition du scénario de 2006. Un différend russo-ukrainien avait à l'époque perturbé l'approvisionnement de plusieurs pays de l'UE et Moscou.
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