vendredi 9 mars 2012

Poutine 3 sera-t-il différent de Poutine 1 et 2 ? Si oui, en quoi ? A quoi attribuez-vous le consensus pour Poutine ?
Il est clair que Vladimir Poutine, l’homme du passé qui a resoviétisé la Russie (reprise de l’hymne soviétique, fréquents retours au langage de la guerre froide, rétablissement du culte de la personnalité, remilitarisation du pays à outrance, création d’un mouvement de jeunesse poutinienne, les Nachy, endoctrinée, fanatisée, qui ressemble fort aux Jeunesses communistes d’hier, etc.) a une marge de manœuvre étroite. Soit, s’il est intelligent, il sera obligé de lâcher un peu de l’est. Soit, au contraire, il donnera un tour de vis supplémentaire. Cette fois, les Russes, pas dupes, ne se contenteront peut-être pas des effets d’annonce, mais réclameront des actes. Revoir le jugement de Khodorkovski, partiellement condamné par la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui en a pointé les violations du Code pénal ? Avouer que ce procès, monté de toutes pièces à la soviétique, n’avait comme objectif que de neutraliser pour longtemps un adversaire politique et de dépecer sa major pétrolière Youkos au profit du clan au pouvoir? L’homme qui a osé critiqué Poutine et financer l’opposition ? Je doute que l’Etat aille jusque-là. Or, c’est la triste réalité.

Le consensus Poutine vient d’abord d’une propagande colossale qui affirmait que « c’était lui ou le chaos, la fin de la Russie ! ». Dans les régions, dans les campagnes profondes de cet immense pays, les citoyens désinformés ont voté pour l’homme qu’il connaisse, le chef, le « patron », le leader au discours supranationaliste. Ils ne connaissent pas les figures de l’opposition, hétérogène, marginalisée, laminée depuis douze ans, sans leader unique, et ils redoutent donc l’inconnu. Dans les années 2000, Poutine a certes stabilisé la situation du pays après la fin chaotique de l‘ère Eltsine. Mais, comme l’expliquent les experts russes que nous citons dans le livre, il s’en est suivi une période de stagnation car la Russie ne produit presque plus rien. Elle est devenue une fournisseur de matières premières et d’armements, violant les embargos internationaux quand elle arme l’Iran ou la Syrie. Aujourd’hui, ces experts, inquiets pour l’avenir d’un pays sans perspectives, ni projet alors qu’il y a tant à faire, affirme que la Russie est en pleine décadence. Et ils le démontrent. Pour connaître la Russie réelle, il faut faire abstraction de la désinformation et surtout d’une propagande constante... La majorité des Russes a voté Poutine par défaut, mais sans enthousiasme et sans illusion.
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