Rapprochement sur le dossier iranien, échanges sur la sécurité européenne, vente du porte-hélicoptères Mistral : la première visite d'Etat en France, lundi 1er et mardi 2 mars, du président russe, Dmitri Medvedev, marque le renforcement du partenariat stratégique "privilégié" entre les deux pays, liés par leur "proximité spirituelle", selon un communiqué du Kremlin. Les tensions de l'été 2008 sur fond de guerre russo-géorgienne sont loin. Et, même si Moscou occupe toujours 20 % du territoire géorgien (l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud), au mépris de l'accord signé sous l'égide du président Nicolas Sarkozy, la France apprécie le président Dmitri Medvedev. "La génération Medvedev, c'est autre chose que Vladimir Poutine (l'ancien président aujourd'hui premier ministre) ", a souligné récemment le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner.
C'est pourtant Vladimir Poutine qui a choisi Dmitri Medvedev, un juriste de 44 ans, pour lui succéder au Kremlin en mars 2008, la Constitution interdisant à l'ancien colonel du KGB, de treize ans son aîné, d'exercer plus de deux mandats consécutifs. Doté d'un physique de premier de la classe, l'actuel président russe, adepte de yoga et de nouvelles technologies, est le plus jeune dirigeant que la Russie ait connu depuis Nicolas II, le dernier tsar de la dynastie des Romanov.
Qui est Dmitri Medvedev ? A mi-mandat, le chef de l'Etat russe continue de susciter les interrogations.Certains le voient comme un nouveau Stolypine - le premier ministre réformateur de Nicolas II (1906-1911) - soucieux de mener son pays sur la voie de la modernité. Pour d'autres, en revanche, il n'est que l'ombre de son mentor, Vladimir Poutine, dont il occuperait provisoirement la place au Kremlin jusqu'à l'élection présidentielle de 2012.
"Depuis ces derniers mois, il a l'air plus à l'aise dans son rôle de président, il cherche à se montrer plus indépendant", estime le politologue Dmitri Orechkine. Le premier signe de cette émancipation remonte au 10 septembre 2009, lorsque le site gazeta.ru a publié un article au vitriol du président sur l'état du pays.
Dmitri Medvedev s'y livrait à une critique virulente, jugeant la Russie "arriérée et corrompue", son économie "primitive", sa démocratie "affaiblie".L'exercice était périlleux. Tout en déplorant les insuffisances des deux mandats de Vladimir Poutine (2000-2004 et 2004-2008), le numéro un russe se gardait bien toutefois de critiquer son mentor.
Titulaire d'un blog, d'un twitter, d'une page sur Facebook et - avant tout le monde - d'un iPad, une tablette multimédia commercialisée à partir de la fin mars, Dmitri Medvedev veut en finir avec la "dépendance humiliante" aux matières premières. Innovation et diversification sont ses maîtres mots.
Cette rhétorique est assortie de gestes concrets. Sous son égide, un gouverneur de régions sur cinq a été remplacé. La plupart des barons locaux, en poste depuis vingt ans, ont été du céder la place. Parmi eux figurent des poids lourds jugés inamovibles comme le président du Tatarstan (une région pétrolière à l'est de Moscou) Mintimer Chaïmiev, le gouverneur de Sverdlovsk (dans l'Oural) Edouard Rossel, celui d'Oriol (centre) Egor Stroev, celui de Khanty-Mansiisk (en Sibérie, qui produit 60% du pétrole russe), Alexandre Filipenko, ou encore Iouri Neelov de la région Iamal (dans le grand nord).
Leurs successeurs sont pour la plupart des représentants des lobbies gazier et pétrolier. En période de crise, Moscou juge primordial de renforcer le contrôle sur les flux financiers des hydrocarbures (70% des exportations du pays et 20% du PIB). Un coup de balai similaire a été donné au ministère de l'intérieur où une réforme est attendue. Des généraux ont été limogés selon des critères parfois difficiles à interpréter. La mise à pied du vice ministre Nikolaï Ovtchinnikov, 61 ans - officiellement en raison de son âge -, a suscité un tollé parmi les militants des droits de l'homme qui entretenaient avec lui des rapports cordiaux. Dans une lettre adressée au Kremlin, ils ont demandé sa réintégration.
La crise économique (chute de 8% du PIB en 2009, baisse de la production industrielle et des investissements étrangers) a accentué le besoin de modernisation. Dans plusieurs régions le mécontentement gronde. A Samara, une ville du sud-ouest du pays,les habitants exigent de l'argent frais pour leur club de football en faillite ; ceux de Kaliningrad ont manifesté contre la vie chère. Un débat public fait rage actuellement sur ce qu'il faut faire pour transformer la Russie en un pays "moderne et confortable", selon le souhait présidentiel.
"Dmitri Medvedev est plein de bonnes intentions mais sa marge de manoeuvres est limitée par l'accord informel qu'il a passé avec Vladimir Poutine quand il a été choisi par lui comme successeur. Comment peut-il le critiquer dans ces conditions ? Et puis tout est dans les mains de Poutine : le parlement, les silovikis (les hommes issus des services de sécurité, partisans d'une ligne dure), la télévision...", rappelle Dmitri Orechkine.
Le président et son premier ministre sont d'accord sur un point: la réforme économique se fera sans changement politique. "L'aspect le plus terrible du système mis en place par Poutine c'est qu'on ne peut pas le modifier de l'intérieur. Il n'y a pas de ressources pour le changement. La verticale du pouvoir est construite sur le modèle soviétique et Medvedev est en plein dedans" conclut le politologue.
C'est pourtant Vladimir Poutine qui a choisi Dmitri Medvedev, un juriste de 44 ans, pour lui succéder au Kremlin en mars 2008, la Constitution interdisant à l'ancien colonel du KGB, de treize ans son aîné, d'exercer plus de deux mandats consécutifs. Doté d'un physique de premier de la classe, l'actuel président russe, adepte de yoga et de nouvelles technologies, est le plus jeune dirigeant que la Russie ait connu depuis Nicolas II, le dernier tsar de la dynastie des Romanov.
Qui est Dmitri Medvedev ? A mi-mandat, le chef de l'Etat russe continue de susciter les interrogations.Certains le voient comme un nouveau Stolypine - le premier ministre réformateur de Nicolas II (1906-1911) - soucieux de mener son pays sur la voie de la modernité. Pour d'autres, en revanche, il n'est que l'ombre de son mentor, Vladimir Poutine, dont il occuperait provisoirement la place au Kremlin jusqu'à l'élection présidentielle de 2012.
"Depuis ces derniers mois, il a l'air plus à l'aise dans son rôle de président, il cherche à se montrer plus indépendant", estime le politologue Dmitri Orechkine. Le premier signe de cette émancipation remonte au 10 septembre 2009, lorsque le site gazeta.ru a publié un article au vitriol du président sur l'état du pays.
Dmitri Medvedev s'y livrait à une critique virulente, jugeant la Russie "arriérée et corrompue", son économie "primitive", sa démocratie "affaiblie".L'exercice était périlleux. Tout en déplorant les insuffisances des deux mandats de Vladimir Poutine (2000-2004 et 2004-2008), le numéro un russe se gardait bien toutefois de critiquer son mentor.
Titulaire d'un blog, d'un twitter, d'une page sur Facebook et - avant tout le monde - d'un iPad, une tablette multimédia commercialisée à partir de la fin mars, Dmitri Medvedev veut en finir avec la "dépendance humiliante" aux matières premières. Innovation et diversification sont ses maîtres mots.
Cette rhétorique est assortie de gestes concrets. Sous son égide, un gouverneur de régions sur cinq a été remplacé. La plupart des barons locaux, en poste depuis vingt ans, ont été du céder la place. Parmi eux figurent des poids lourds jugés inamovibles comme le président du Tatarstan (une région pétrolière à l'est de Moscou) Mintimer Chaïmiev, le gouverneur de Sverdlovsk (dans l'Oural) Edouard Rossel, celui d'Oriol (centre) Egor Stroev, celui de Khanty-Mansiisk (en Sibérie, qui produit 60% du pétrole russe), Alexandre Filipenko, ou encore Iouri Neelov de la région Iamal (dans le grand nord).
Leurs successeurs sont pour la plupart des représentants des lobbies gazier et pétrolier. En période de crise, Moscou juge primordial de renforcer le contrôle sur les flux financiers des hydrocarbures (70% des exportations du pays et 20% du PIB). Un coup de balai similaire a été donné au ministère de l'intérieur où une réforme est attendue. Des généraux ont été limogés selon des critères parfois difficiles à interpréter. La mise à pied du vice ministre Nikolaï Ovtchinnikov, 61 ans - officiellement en raison de son âge -, a suscité un tollé parmi les militants des droits de l'homme qui entretenaient avec lui des rapports cordiaux. Dans une lettre adressée au Kremlin, ils ont demandé sa réintégration.
La crise économique (chute de 8% du PIB en 2009, baisse de la production industrielle et des investissements étrangers) a accentué le besoin de modernisation. Dans plusieurs régions le mécontentement gronde. A Samara, une ville du sud-ouest du pays,les habitants exigent de l'argent frais pour leur club de football en faillite ; ceux de Kaliningrad ont manifesté contre la vie chère. Un débat public fait rage actuellement sur ce qu'il faut faire pour transformer la Russie en un pays "moderne et confortable", selon le souhait présidentiel.
"Dmitri Medvedev est plein de bonnes intentions mais sa marge de manoeuvres est limitée par l'accord informel qu'il a passé avec Vladimir Poutine quand il a été choisi par lui comme successeur. Comment peut-il le critiquer dans ces conditions ? Et puis tout est dans les mains de Poutine : le parlement, les silovikis (les hommes issus des services de sécurité, partisans d'une ligne dure), la télévision...", rappelle Dmitri Orechkine.
Le président et son premier ministre sont d'accord sur un point: la réforme économique se fera sans changement politique. "L'aspect le plus terrible du système mis en place par Poutine c'est qu'on ne peut pas le modifier de l'intérieur. Il n'y a pas de ressources pour le changement. La verticale du pouvoir est construite sur le modèle soviétique et Medvedev est en plein dedans" conclut le politologue.