Concours musical s'achèvant sur fond de controverse
Le concours international de musique Tchaïkovski s'est achevé jeudi en Russie après deux semaines de compétition sur fond de controverses pour départager les gagnants des épreuves de l'un des plus prestigieux événements de musique classique. "Nous pouvons tous dire que le 14e concours international Tchaïkovski est un succès", a estimé le ministre russe de la Culture, Alexandre Avdeïev, au cours de la cérémonie de remise des prix organisée dans la soirée à Moscou.
"C'était une grande célébration pour tous les amoureux de musique", a-t-il ajouté. Le concours Tchaïkovski a révélé depuis sa création en 1958 de grands pianistes comme Van Cliburn, Vladimir Ashkenazy, Mikhaïl Pletnev, Grigori Sokolov ou Peter Donohoe. Des virtuoses de musique classique ont concouru dans quatre catégories: piano, violon, violoncelle et vocal. Le Russe Daniil Trifonov a remporté la finale au piano, la plus prestigieuse des catégories, face à un compatriote, un Ukrainien et deux Sud-Coréens, ont précisé les organisateurs.
Daniil Trifonov, 20 ans, a commencé à faire de la musique à l'âge de cinq ans et étudie actuellement à la prestigieuse Académie russe de musique Gnessine à Moscou, l'une des plus anciennes institutions artistiques de Russie. L'Arménien Narek Hakhnazaryan est le vainqueur dans la catégorie violoncelle, tandis que le concours vocal a été remporté par deux Sud-Coréens -- Sun Young Seo pour les femmes et Jon Min Park pour les hommes. En revanche, aucun gagnant n'a été désigné dans la catégorie violon, le jury n'étant pas parvenu à se mettre d'accord sur le nom d'un lauréat, comme ce fut déjà le cas par le passé, notamment à l'époque de la guerre froide.
Le concours, qui s'est ouvert il y a deux semaines avec la participation de grands noms de la musique classique, a suscité des critiques d'experts et de la presse. "Dans presque chaque catégorie, toutes les personnalités brillantes ont été éliminées au troisième tour", a déploré le quotidien officiel russe Rossiïskaïa Gazeta. De leur côté, les organisateurs ont balayé toutes les critiques en soulignant que cette compétition qui a lieu tous les quatre ans gagnait en importance dans la mesure où les prestations des musiciens pouvaient être regardées pour la première fois sur Internet.
La cérémonie finale devait être suivie en ligne par jusqu'à un million de personnes, selon les organisateurs. Certains critiques estiment que cet événement revêt une importance particulière pour la Russie. Il s'agit "plus que d'un simple concours entre musiciens, plus que l'une des principales composantes de la culture soviétique", a écrit le critique musical du quotidien Kommersant, Dmitri Renanski sur le site Openspace.ru. "Du temps de l'Union soviétique, le concours Tchaïkovski était une oasis de libéralisme et de pensée libre, même s'il était contrôlé. Dans quel autre endroit des gens pouvaient-ils ouvertement dire que des étrangers étaient meilleurs que des citoyens sovéitiques?", a estimé M. Renanski.